Élu le 6 janvier 2023 bâtonnier de l’Ordre des avocats du Gabon pour un mandat de 2 ans au terme de l’assemblée générale élective organisée dans les locaux de la maison de l’avocat derrière le palais de justice de Libreville, Raymond Obame Sima fait face à une contestation devant le Conseil d’État. Mais que s’est-il réellement passé pour qu’on en arrive là ? Notre enquête.
Le scrutin qui avait permis à Raymond Obame Sima d’être élu à la tête du barreau du Gabon est contesté. Et c’est une frange des robes noires qui a introduit la requête que le Conseil d’État examine actuellement.
Mais de quel péché reproche t-on à l’avocat Raymond Obame Sima, élu bâtonnier avec 68 voix contre 45 pour son principal challenger Me Sandra chambrier et 10 voix seulement pour Me Homa Moussavou ? A l’origine de cette crise, une mesure disciplinaire
du Conseil de l’Ordre, consistant à suspendre, pour six (6) mois, les activités de Me Justin Taty, du fait de comportements déviants. En effet, il semblerait que ce cador du bareau du Gabon n’ait pas du tout apprécié la récente note d’information du bâtonnat annonçant sa suspension provisoire.
Devant plusieurs témoins, il manifesta son courroux, tout en laissant entendre qu’il ne laisserait pas passer cette affaire sans suite.
Une broutille en fait, quand on sait qu’il ne s’agit que d’une suspension ou interdiction temporaire. La suspension de Me Justin Taty est intervenue, le lendemain d’une cabale, visant à destituer le bâtonnier Me Raymond Obame Sima.
Au sein de la profession, ils sont nombreux à soutenir la décision de suspension de Me Justin Taty, au regard des faits graves qui lui sont reprochés. Mais ceux qui osent s’exprimer publiquement sont qualifiés de « traites » et couvert d’opprobre.
Du côté de la Maison de l’avocat, le conseil de l’Ordre est serein. Confiant qu’il a été bien élu par ses pairs qui sont parfaitement conscients de ce que l’élection sest s’est bien déroulée et que le bâtonnier remplit les conditions d’éligibilité.
Ceux qui adoptent une posture de neutralité, le font malgré eux, pour ne pas complexifier la situation.
Lors des investigations, les quelques représentants de la profession qui se sont exprimés sous couvert de l’anonymat sont des pro- Raymond Obame Sima. Selon certains d’entre eux, par la voix de Me Justin Taty supposément chef d’orchestre, des « ainés » n’apprécient pas que Me Obame Sima occupe ce maroquin alors que ça ne fait pas si longtemps qu’il a prêté serment en tant qu’avocat au barreau du Gabon. Ils le disent trop jeune et pas assez préparé à exercer une telle fonction.
«Je suis excessivement déçu d’entendre un tel argument de la part de ténors du barreau, car seul la compétence devrait être le critère retenu pour choisir les candidats à la tête du barreau du Gabon. Ils ne comprennent pas que l’aura exceptionnelle que les confrères ont nimbé Me Raymond Obame Sima tient surtout à la confraternité entre avocats et au respect de la déontologie professionnelle qu’il promeut », a soutenu un avocat.
Mais pire encore, d’autres hommes du droit affirment que le problème est éthnique. Les « dissidents voient mal, selon eux, qu’un fang succède à un autre fang à la tête du barreau du Gabon « . Ce que dénoncent encore plusieurs autres avocats.
«Le temps est venu de rompre avec ce genre de considération qui ne grandit pas notre pays et encore moins notre corporation. Ici, il n’est plus question d’ethnie mais de compétence. C’est la honte, vraiment, je ne sais pas quoi vous dire « , siffle un membre de l’organisation qui souhaite, lui aussi, rester anonyme. « On préfère faire profil bas », explique t-il, « Moins on parlera de nous, mieux on se portera ».
L’élection du Bâtonnier, Raymond Obame Sima doit-elle être invalidée par le Conseil d’État? Le verdict est attendu dans les prochains jours. Au cas où Me Obame Sima sort vainqueur, il peut continuer à exercer valablement son mandat. Au cas où ses adversaires seraient perdant, Me Justin Taty devra assumer le congé de sa toge pendant six (6) mois. Mais les dés semblent pipés d’avance. Il se susurre dans le camp des bâtonniers Taty et Akumbu que le Conseil d’État a déjà promis faire regretter au neveu de l’ancien premier ministre Raymond Ndong Sima le fait que son oncle soit opposant, candidat déclaré à la prochaine présidentielle et le fait que lui-même ne soit pas militant du Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir). Vraiment, « tout est possible au Gabon ! ». Affaire à suivre.