« Un taxi, un emploi, un avenir »: de sérieux doutes sur le succès du projet

Le président de la Fédération des Syndicats des Transports Autonomes du Gabon (Fesytrag), Serge Bekale
malmène plusieurs aspects du projet
lancé par le pôle national de promotion de l’emploi (PNPE) dénommé « Un taxi, un emploi, un avenir » permettant à 90 compatriotes de l’ensemble du territoire national, de devenir propriétaire d’un taxi.

Quelques jours après le lancement de la deuxième cuvée du projet  » Un taxi, un emploi, un avenir », par le Premier Ministre Rose Christiane Ossouka Raponda, le président de la Fesytrag, Serge Bekale émet des doutes profonds sur la pertinence du projet et invite même le premier ministre à songer à « arrêter de mystifier les gabonais ».  

Lors d’une interview accordée aujourd’hui à Afrique actualité 241, le président de la Fesytrag livre le fond de sa pensée. Il énumère une série de questions « sans réponses » concernant la volonté gouvernementale d’offrir aux gabonais à la recherche d’un emploi l’opportunité de devenir propriétaire d’un taxi.

Plusieurs questionnements

Droit dans ses bottes, il rappelle qu’en 2009 un projet de gabonisation du métier de chauffeur de taxi avait été proposé au Ministre des Transports de l’époque. Le dernier conseil des Ministres de 2010 avait alors validé ledit projet.  » De 2010 à 2014, l’État gabonais déboursait 300 millions de francs CFA chaque année pour la formation des jeunes chauffeurs de taxi. Mais de 2010 à 2014, je n’ais jamais vu un seul gabonais qui a été formé et qui a bénéficié de quoique ce soit. Le projet a été détourné. L’argent à été détourné et personne n’a rendu de compte à personne », a-t-il indiqué.

Ses préoccupations ne s’arrêtent pas là. Il pose des questions au sujet du bilan de la première vague du projet lancé par le premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda. « C’est de la connerie parce que s’agissant de la première cuvée qui a été lancée, on ignore quel bénéficiaire a remboursé et quel était le montant. Les voitures ont été remises à quel montant ? Qui sont les bénéficiaires ? Les réponses à l’ensemble de ces questions devraient aller plus loin que l’opinion et reposer sur des analyses lucides », réclame-t-il.
 » Je pense qu’il s’agit d’un club fermé, car si on veut aider des gabonais, que l’on prennent ceux qui sont déjà des professionnels de ce secteur d’activité. Pour moi c’est une affaire de parents, amis et connaissances. Et comme nous sommes à l’approche des élections, on veut mystifier les gens en prenant l’argent de l’État qu’on va donner à des individus gratuitement », a-t-il déclaré avant d’ajouter « Ce qui est écœurant là-dedans, c’est que le Ministre des Transports n’est pas associé, quand bien même c’est un Ministre absent. Le secteur des Transports est embrigadé à 95% par des communautés étrangères et on s’étonne qu’il y ait tant de désordre dans ce secteur « . C’est un changement de ton pour Serge Bekale, qui a souvent été avare de commentaires au sujet des politiques en matière de transports.

Judex Manfoumbi grand reporter