Contre toute attente, le gouvernement de transition est revenu sur une mesure sociale du premier septennat d’Ali Bongo qui avait consacré le caractère universel de la bourse d’études dans l’enseignement secondaire et supérieur. L’accès à la bourse d’études sera plus restrictif. Le Ministère de l’Éducation Nationale, chargé de la Formation Civique, a choisi d’introduire un critère de mérite (une moyenne générale supérieure ou égale à 12/20 au premier cycle et 11/20 au second cycle. La mesure soulève la controverse.
Le gouvernement de transition veut favoriser l’excellence
L’annonce arrive dans un contexte où chaque Gabonais, reprend peu à peu espoir en une redistribution plus juste des richesses de ce pays pétrolier d’Afrique Centrale. Si l’attribution de la bourse au mérite peut valablement se défendre pour son caractère vertueux, l’exclusion de certains jeunes gabonais du bénéfice de la bourse nationale uniquement en raison de moyenne n’atteignant pas 12/20 ou 11/20 paraît inadapté, inéquitable et complètement déconnectée des réalités de l’enseignement public au Gabon, miné par les grèves et les effectifs pléthoriques dans les salles de classe.
« Je suis toujours surpris quand des gens qui sont devenus ce qu’ils sont parce qu’ils ont bénéficié un jour d’une bourse de l’État Gabonais quasiment sans condition, proposent que les étudiants aient recours à des emprunts pour financer leurs études « , déclarait en juin 2023 l’actuel Ministre de l’Economie et des Participations.
« Entre 1960 et 2022, la population du Gabon a été multipliée par 4 tandis que la richesse nationale a été multipliée par 126. Le problème, ce n’est pas l’absence de moyens mais la redistribution inégale des ressources « , avait indiqué Mays Mouissi, au moment où les lycéens gabonais manifestaient déjà contre le projet de décret restreignant l’attribution des bourses d’études.
Si aujourd’hui, elle occupe le poste de ministre de la Communication sous l’ère de la Transition, Laurence Ndong n’en pensait pas moins.
« Ce qui se passe dans notre pays est inadmissible. Je ne sais pas jusqu’où ces gens vont aller. Quand on pense qu’ils ont atteint le fond..on se rend compte en effet qu’ils ont encore la pelleteuse et ils continuent à creuser. Ils ont volé le Gabon comme si le pays allait disparaître demain. Et c’est toujours à la population de payer le prix fort », avait-elle lancé avant de poursuivre.
« Les conditions de vie ne font que se dégrader, vous-même vous le sentez sur place. Vous avez de plus en plus du mal à joindre les deux bouts. On veut licencier les fonctionnaires, on veut prélever sur leur salaire, on augmente le prix du carburant, les gabonais sont pressés de toute part, pas d’école, pas d’hôpitaux. Alors que le système scolaire a été laissé à l’abandon depuis cala-cala, maintenant on veut dire aux enfants que pour avoir la bourse il faut avoir 12 de moyenne mais on sait très bien que ces conditions là…beaucoup d’enfants ne peuvent pas les remplir, pour ne pas dire la majorité des enfants. Et franchement, avec tous les revenus que notre pays a, tous les enfants gabonais devaient avoir la bourse de la maternelle jusqu’à l’université quelque soit leur âge, quelque soit leur moyenne « , avait indiqué l’actuelle ministre de la Communication.