Le Syndicat des travailleurs des affaires sociales (SYTAS), le Syndicat des éducateurs des affaires sociales (SYNEDAS) et le Syndicat national des travailleurs des affaires sociales (SYNATRASS) se sont réunies ce mercredi, pour interpeller le premier ministre chef du gouvernement et le président de la Transition sur la problématique de la gestion de l’éducation préscolaire. Pour le porte-parole des Syndicats présents à cette rencontre, Roger Ondo Abessolo, la loi n°038/2023 portant modification de certaines dispositions de la loi n°10/84 du 30 juillet 1984 portant définition et organisation générale de l’éducation préscolaire devrait faire l’objet d’un
examen en présence des experts du ministère de l’Education nationale et celui en charge des Affaires sociales. Ci-dessous, l’intégralité de la déclaration des Syndicats du Ministère des Affaires sociales.
« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, chers collègues,
L’avènement du coup de liberté du 30 août 2023 dans la nuit, avec la mise en place du Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI) a suscité et continu de le faire un grand espoir pour le renouveau dans notre pays, notre chère patrie le Gabon. Pour cette raison, toutes les gabonaises et gabonais, chacun à sa place, vont pouvoir aider les autorités à mener à bon port l’œuvre engagée. Or, malgré cette exigence patriotique, nous remarquons pour le regretter que certaines personnalités au sein du gouvernement seraient dans la logique d’induire le président de la Transition en erreur. C’est le cas précis de madame le ministre de l’Education nationale, quand elle présente au président de la Transition chef de l’État la loi n°038/2023 portant modification de certaines dispositions de la loi n° 10/84 du 30 juillet 1984 portant définition et organisation générale de l’éducation préscolaire, notamment les articles 4, 5 et 6 sans lui donner les vraies motivations qui ont conduit à cette modification.
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, chers collègues,
L’agitation des collégiens du bord de mer, actuellement « bagnards » autour de cette modification de la loi obéissait à une seule logique: l’éducation sexuelle dès l’âge de 3 ans. Et comme il fallait que ce projet qui les tenait tant à cœur soit mis en œuvre par un seul et unique ministère: celui de l’éducation nationale. Sinon, comment justifier une telle réforme sans que les experts des deux ministères, c’est-à-dire le ministère de l’Education nationale et le ministère des Affaires Sociales, ne se mettent au préalable ensemble pour juger de la pertinence ou non de cette modification de loi ? Quelles sont donc les éléments techniques qui ont concouru à cette décision ?
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, chers collègues,
Il est de notoriété publique que le ministère de l’Education nationale éprouve tout le mal du monde à gérer convenablement le primaire et le secondaire, avec tous les déficits qu’on lui connaît: le manque d’enseignants, le manque de structure d’accueil des enfants. Ne nous sommes nous pas en droit de demander avec quel personnel , quelle structure madame le ministre de l’Education nationale entend organiser et superviser l’éducation préscolaire dans notre pays. Un adage de chez nous, nous évite pourtant l’ambition de préparer une chèvre quand l’on manque de sel pour bien aromatiser un coq. Nous voulons rappeler à madame le ministre de l’Education nationale et ses directeurs délégués d’académie que nous ne sommes plus dans un Gabon de réformes hasardeuses où l’improvisation et l’inconséquence avaient droit de citer. Nous devons construire notre pays et nous sommes près à le faire avec les nouvelles autorités. Et cette construction passe par une bonne formation de ses citoyens dès l’âge préscolaire. La construction de la personnalité du citoyen commence par la crèche, la maternelle, le primaire, le secondaire et le supérieur. Il se trouve que nous ne pouvons rien imposer à ce niveau. Chacune de ces étapes exigeant un personnel qualifié exerçant dans les structures adéquates. Est-il besoin ici de rappeler qu’en 2015, le gouvernement de l’époque dirigé par le Pr Daniel Ona Ondo avait déjà tranché sur le conflit de compétence de la petite enfance entre le ministère de l’Education nationale et celui des Affaires Sociales en confiant la plénitude de la petite enfance au ministère des Affaires Sociales au regard de son expertise en la matière. Je me fais le devoir de vous lire, chers collègues, mesdames, messieurs de la presse, la note en question.
Note pour monsieur le Secrétariat Général du gouvernement. Objet: problématique de l’éducation préscolaire. Le n° de la note c’est 00543/BCPM/DSPSN/MBO. Premier pallier du système éducatif chargé d’assurer le plein épanouissement de la personnalité des enfants âgés de 0 à 5 ans et de les préparer aux exigences de la grande école. L’éducation préscolaire requiert d’une expertise et des structures appropriées. La gestion et une meilleure coordination de ce pallier capital peuvent contribuer à nous prémunir contre les taux élevés d’échec scolaire dans les cycles suivants et améliorer les performances de l’ensemble de notre système éducatif. La requête du ministère en charge de la Prévoyance sociale formulée par note n°0384/MSPS/GAB/PS/CEMBA du 13 mars 2015 dépasse largement est conclusions des travaux de la commission adhoc réunis au Secrétariat général du gouvernement au mois de juillet 2014, sur le conflit de compétence qui oppose ce ministère à celui en charge de l’Education nationale sur l’organisation du pré-primaire et du primaire. En effet, au regard de la motivation du ministère en charge de la prévoyance sociale, de l’expertise et des capacités opérationnelles dont ils disposent en matière d’éducation préscolaire, la demande de ce département semble recevable. Cet option offrant plus d’atouts pour un meilleur encadrement de nos enfants avant leur entrée à la grande école. Aussi, je vous demande de préparer les conditions juridiques et matériels pour l’effectivité de la décision de confier la plénitude de la coordination et de la gestion de l’éducation préscolaire au département en charge de la Prévoyance Sociale.
Fait à Libreville, le 8 mai 2015. Le premier ministre chef du gouvernement, le Pr Daniel Ona Ondo.
Je pense que quand on a un peu de la mémoire, et quand on respecte les tout petits, quand on respecte nos enfants et notre République, cette note ne peut en aucun cas être contestée.
Au regard de ce qui précède, chers collègues, les syndicats des Affaires Sociales tiennent ce jour à interpeller monsieur le premier ministre chef du gouvernement et au plus haut niveau le président de la Transition chef de l’État sur l’importance de ne prendre aucun décret qui mettrait en application la nouvelle loi n°038/2023 du 17 juillet 2023 portant définition et organisation générale de l’éducation préscolaire. Par ailleurs, nous suggérons au premier ministre de convoquer les experts des deux ministères, comme l’avait fait son prédecesseur le Pr Daniel Ona Ondo, afin de voir clair et de trancher en connaissance de cause sur ce litige qui risque de perturber grandement cette rentrée scolaire. À vous les agents exerçant dans les structures construites par les Affaires Sociales, pendant que l’argent dédié à la construction des écoles de l’Education nationale était dilapider et entassé dans les maisons, nous vous demandons de rester serein et de vaquer tranquillement à vos occupations professionnels en attendant la décision des plus hautes autorités de notre pays. Oui, le ministère des Affaires Sociales a été longtemps l’anti chambre de la Fondation Sylvia Bongo, mais l’heure de sa restauration a sonné depuis le 31 août 2023. C’est unis que nous gagnerons, unis nous sommes forts. Je vous remercie. »