Élections générales : le mauvais présage de l’UNI pour le Gabon

Que se passe-t-il au pays de Léon Mba, père fondateur de la nation gabonaise, ou plus exactement que se passera-t-il dans ce Gabon considéré, depuis des lustres comme un havre de paix ?

C’est la question globale à laquelle renvoie l’élection présidentielle, avec tout ce que l’on en dit. Avec le lancement de la campagne électorale pour les élections générales sous fond de tensions politiques, et la levée de bouclier de l’opposition qui déclare que les élections en question ne seraient ni transparentes, ni justes.
On est en droit de s’inquiéter quant à l’issue démocratique de ces élections. C’est le cas de l’Union nationale initiale (UNI) dont le président Paul Marie Gondjout a décrit une fin effrayante de ces élections dans le pays lors d’une allocution prononcée le 13 août dernier à Ekouk, bourgade située à 150 km de Libreville. Ci-dessous, l’intégralité de ladite déclaration.

Allocution d’Ekouk du Président Paul Marie Gondjout Union nationale initiale (UNI)

Chers compatriotes,
La campagne électorale pour l’élection présidentielle s’est ouverte il y a 48 heures
sous fond de tensions politiques et de grandes incertitudes sur l’avenir que nous
réserve l’issue de ces élections. Celles-ci, sont organisées de manière générale,
c’est-à-dire que les 3 élections présidentielles législatives et locales sont
organisées le même jour pour la première fois dans l’histoire politique de notre
pays. Les populations comme la classe politique, n’ont pas été préparées pour
s’imprégner utilement de cette nouvelle organisation électorale, annoncée
seulement 2 mois avant le scrutin. Vous imaginez l’immense défi que
représentent 3 élections le même jour et ce n’est pas le niveau d’impréparation
du Centre Gabonais des Élections(CGE) qui nous démentira.

Mes chers compatriotes,
Ce sont des risques que les décideurs, qu’ils soient au CGE, au gouvernement ou
à la présidence de la République font courir à la stabilité politique de notre pays.
Dans un pays normal, on ne pourrait imaginer faire cela et pire, modifier
unilatéralement les éléments clés du vote que sont les bulletins de vote un mois
avant le scrutin. Pour qui connaît l’appareil d’état dans notre pays sait que
pareille décision ne peut se prendre sans instruction du palais présidentiel alors
même que le président de la République est déjà candidat et en campagne.
L’habillage faussement légal de cette décision a du mal à cacher le dirigisme du
pouvoir exécutif qui met au grand jour des improvisations dommageables au
fonctionnement régulier de l’État.
Que l’élection présidentielle se tienne le 26 août ne nous posait aucun problème,
mais organiser les élections législatives et locales en même temps que la
présidentielle alors qu’elles étaient prévues pour le 4e trimestre de cette année
n’est ni plus ni moins que de la malice et de la ruse pour empêcher ses adversaires
de se pourvoir judicieusement et avoir une bonne préparation pour ces élections.

Telle une hydre, ce régime est insatiable et ne recule devant rien pour conserver
le pouvoir, fussent ils au détriment de la sécurité du peuple. Il sait toujours
renouveler ses stratagèmes les plus incroyables pour arriver à ses fins. Quand on
croit pouvoir affaiblir ses adversaires pour qu’il ne vous en reste plus, vous avez
alors le sentiment d’être fort, plus fort que les autres et que le boulevard de la
gloire s’ouvre devant vous. C’est alors que vous rencontrez une force, cette force
plus forte que toute autre une force réparatrice du destin des hommes.
C’est ce qui me conduit à demander à mes compatriotes d’en face de méditer ce
verset biblique: « ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais
que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de
vous-même que chacun de vous au lieu de considérer ses propres intérêts
considère aussi ceux des autres. » (phi 2:3-4)

Mes chers compatriotes,
La malice ou la force pour contraindre ses adversaires, comme l’achat de
conscience, la menace ou la coercition pour faire plier un opposant à soi, sont
autant d’anti-valeurs rédhibitoires à un rassemblement nécessaire pour guérir un
pays malade. Avec de très nombreux concitoyens, je souffre de voir l’indécence
de la démonstration de puissance de l’argent à travers la campagne
hollywoodienne du chef de l’État faite à coup de distribution d’argent et de
nouvelles promesses. Elle vient contraster avec la résilience des populations qui
font face à une envahissante pauvreté et une peur du lendemain. Cette élection,
mes chers compatriotes, porte en elle les germes d’un 2e tour électoral qui sera
celui d’une crise générale politique, économique et sociale.
La crise sera politique parce qu’elle sera la conséquence d’une légitimité
introuvable pour ceux qui gèrent la République par procuration, ceux-là qui ont
le dessein de gérer le Gabon de leur lubie contre le Gabon réel, ceux-là encore
qui veulent opposer le Gabon de nos racines contre un Gabon importé. Cette
élection présidentielle, pour constitutionnelle qu’elle soit, n’apportera rien de
positif sur le plan politique. Cette élection a été générée par des frustrations et
elle enfantera nécessairement des malformations et autres tares qui mettront à
rude épreuve le prochain gouvernement.
La crise sera économique parce que les caisses de l’État déjà en souffrance
mettront les gouvernants dans l’obligation de trouver très vite de l’argent qu’il
n’auront pas. Ce sont alors les citoyens qui devront payer par des impôts encore
plus importants la gabegie actuelle. Cette crise économique et financière de l’État
entraînera vous vous en doutez bien une crise sociale qui risque d’être sans
précédent.

Cette situation, mes chers compatriotes, est celle de notre pays, elle est celle du
Gabon. Pour alarmante qu’elle soit, elle ne doit pas nous faire peur, elle doit nous
motiver, nous galvaniser pour vaincre le signe indien de l’échec que nous
ressentons tous. Nous devons trouver les ressorts pour rebondir très vite,
c’est la raison pour laquelle j’ai proposé une Alliance Politique pour le
Gabon(APG), une alliance pour unir les forces progressistes et les patriotes
du Gabon afin de repenser l’avenir de notre pays autour d’un programme
commun de gouvernement pour la restauration politique, économique et
social de notre pays et le préparer à une 3e République. C’est pourquoi j’en
appelle au sursaut patriotique de tous les candidats engagés dans cette
élection présidentielle de s’en retirer pour ne pas crédibiliser une situation
devenue kafkaïenne et suicidaire pour l’idée que nous avons de notre pays.
Rassemblons nous pour construire ensemble le vrai Gabon celui de demain
il commence aujourd’hui.
C’est un sacrifice pour le Gabon, pour le sauver de ceux qui se battit contre
lui actuellement. Ne pleurons pas demain sur ce que nous aurons manqué
de faire aujourd’hui.