Rien de Consistant ne Pourra se Construire pour le Gabon dans le Déni de nos Mentalités et sans Sacrifice

En prenant la décision de ne pas me représenter aux élections locales d’août 2023, j’ai été conscient de la perplexité que cela a suscitée. Je tiens à exprimer ma gratitude envers tous ceux qui m’ont partagé leurs frustrations, mais qui ont également compris ma position. Beaucoup m’ont considéré comme un être à part, car le politicien gabonais, traditionnellement, aspire à conserver sa fonction et ses privilèges, souvent au détriment du bien commun. Dans l’ancien système, la question était souvent : « Être au service ou se servir ? »

Comme je l’ai souligné précédemment, mes valeurs familiales et mes convictions personnelles priment sur la recherche de richesses, surtout si elles sont en contradiction avec les pratiques du système que nous avons dénoncées. Inutile de rappeler les maux de ce système que tous les Gabonais connaissent et qui ont conduit à la création du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) le 30 août dernier.

Comme la majorité des Gabonais, j’approuve et salue cette nouvelle lueur d’espoir. La politique politicienne a causé du tort à notre pays. Le CTRI était nécessaire pour renforcer notre cohésion sociale, notre vivre-ensemble, et éviter un désastre économique après des années de mauvaise gouvernance du PDG.

Cependant, cette euphorie ne doit pas nous aveugler au point d’oublier les erreurs des conférences et des assises passées, qui étaient souvent motivées par des intérêts purement politiques. Les politiciens, censés servir l’intérêt général, ont souvent privilégié des arrangements au détriment du développement de notre pays. Cette leçon doit être retenue

Aujourd’hui, la tâche qui se présente à vous, Président du CTRI, est immense. Les premières mesures et actions que vous prendrez poseront les bases du nouveau Gabon que nous aspirons tous à construire. Nous connaissons nos faiblesses, nos forces, nos mentalités, nos habitudes, et nos paradoxes. Il est impératif de reconnaître que rien de solide ne peut être construit sur des mensonges. Nous devons accepter qu’il y aura des sacrifices à faire, et cette période ne sera pas facile.

Vous ferez face à des critiques pour vos décisions pragmatiques, à des combats contre la corruption, à des incompréhensions pour des sanctions liées à la ponctualité, et à des oppositions si vous dépolitisez certaines fonctions de l’administration publique et de certains secteurs d’activités. Cependant, comme le dit l’adage, « lorsqu’on donne un coup de pied dans une fourmilière, il faut s’attendre à se faire piquer par des fourmis rouges. »

Le seul enjeu qui compte aujourd’hui est l’avenir du Gabon et de nos enfants. Nous aspirons à un changement sociétal et comportemental qui nécessite des efforts, en commençant par le sommet de l’État. Cette adhésion ne pourra se réaliser qu’au prix du sacrifice des élites.

M. Le Président de la Transition, concentrez-vous sur ce qui doit être fait dans le cadre légal de votre Charte, sans vous soucier d’une éventuelle réélection, car la politique ne doit pas prendre le pas sur le pragmatisme.

Je vous souhaite bon vent dans l’exercice de votre lourde tâche.

Ché Stéphane Ndao Rilogué