Affaire scission du Barreau: Quand deux ministres viennent à la rescousse de Me Justin Taty

Le Conseil d’État
va-t-il choisir de dire le droit plutôt que le droit du plus fort ? Alors que deux membres du gouvernement Alain Claude Bilie-By-Nze ont rencontré le 4 avril dernier, le 1er président du Conseil d’État et intimidé certains magistrats obstinés à dire le droit dans la procédure d’invalidation de l’élection du bâtonnier et son inégibilité, bien malin qui s’aura répondre à cette question.

Tout est parti de la suspension, la semaine dernière, de Me Justin Taty, pour tentative de scission du Barreau du Gabon. Les rumeurs bruissent sur la contre-offensive de son épouse ministre des Relations avec les Institutions constitutionnelles,
Denise Mekam’ne Taty, mise en branle ces derniers jours. D’après des informations recueillies par Echos du Nord, le 1er président du Conseil d’État a récemment été contacté pour venir rencontrer le ministre des Relations avec les Institutions constitutionnelles et sa collègue de la justice. Objectif de la rencontre : s’assurer de l’invalidation de l’élection du bâtonnier et son inégibilité au terme de l’examen du recours en annulation formulés par Me Jean-Paul Moubembé, Gilbert Erangha et Sandra Chambrier. Ce que le haut magistrat semblent avoir répondu positivement.

Qu’est-ce qui autorise le ministre des Relations avec les Institutions constitutionnelles et sa collègue de la Justice à intervenir dans une querelle au sein du barreau? Le temps de l’ingérence de la politique dans les affaires de la justice est pourtant terminé.

Mekam’ne et Ndembet – Damas , un choix non réfléchi

À y regarder de près, le choix des deux ministres est loin d’être refléchi. Avocate de formation, Denise Mekam’ne Taty, se drape derrière un prétendument argument, selon lequel la destitution du bâtonnier Raymond Obame Sima serait une volonté du président de la République, nous fait savoir Echos du Nord. Mais en réalité, « Ali Bongo Ondimba, aux dires de plusieurs de ses proches a pris acte de l’élection du nouveau bâtonnier. Malgré son statut de neveu de l’opposant Raymond Ndong Sima », candidat déclaré à l’élection présidentielle d’août prochain. Ces mêmes sources soulignent l’agacement du chef de l’État face au caractère politique que l’on cherche à donner à cette élection en son nom. Pour lui, « le nouveau bureau de l’Ordre ne lui cause aucun problème « . Il en va de même du côté de la Primature, où le premier ministre, Alain Claude Bilie-By-Nze, ne comprend pas l’ingérence de ses deux ministres dans le dossier du barreau.

Placée sous de tels auspices, la contre-offensive Mekam’ne Taty et Ndembet – Damas pourrait s’avérer improductive. En effet, les contestataires reprochent à Me Obame Sima, le fait qu’il vient à peine de compléter ses 10 ans de présence au Grand Tableau, qu’il n’a pas encore prêté serment devant la Cour de cassation. Ce qui, selon leurs dires, enlèverait au nouveau bâtonnier le droit de plaider devant cette même Cour, encore moins représenter le Barreau devant la Cour Constitutionnelle.

Mais en réalité, la stricte application de la loi ne peut aboutir ni à l’annulation des élections au Barreau, encore moins à l’invalidité de la candidature de Me Raymond Obame Sima. Celui-ci totalise 11 ans d’exercice de la profession au Grand Tableau, mais surtout la prestation de serment préalable devant la Cour Constitutionnelle n’entre pas dans les conditions d’éligibilité du bâtonnier de l’Ordre des avocats du Gabon. Alors qui arrêtera l’ingérence de Denise Mekam’ne Taty et Erlyne Antonnella Ndembet – Damas
dans cette affaire? Qui arrêtera l’instrumentalisation des procédures par ces deux membres du gouvernement? Qui aura suffisamment de courage pour dire le droit rien que le droit dans cette gueguerre au sein du bâtonnat
? Le verdict du Conseil d’État qui a le dernier mot sur cette affaire sera lourd de conséquences.